Bio/Démarche/CV

Pascal Picard

Natif du Bas du Fleuve, mais résident au Saguenay depuis plus de quinze ans, Pascal Picard a complété un baccalauréat à l’UQAM en 1997 dans le domaine des communications graphique. C’est après un tour du monde de trois ans et demi, où il a pratiqué de façon autodidacte le dessin, la peinture et la photo, qu’il entreprend un baccalauréat et termine par la suite une maîtrise en arts visuels à l’UQAC en 2014.

Il a exposé professionnellement depuis 2012 dans les différents centres du Saguenay / Lac St-Jean tel que BANG, le Centre des arts et de la culture, ESPACEPOINTCA, Langage Plus et le Centre National d’Exposition de Jonquière .

Il a reçu en 2012 et 2013 la bourse des professeurs de maîtrise de l’UQAC. En 2014, il obtient la bourse du CAS, CAM, CALQ de l’atelier Saguenay / Montréal pour une résidence au centre d’artiste OBORO à Montréal. Il obtient finalement en 2016 une autre bourse du CAS et un atelier afin de préparer sa présente exposition : DIAGNOSTICS.

Il a également, dans les dernières années, eu la chance de faire partie des collections privées de l’École le Passage (2015), de l’Université du Québec à Chicoutimi (2009-14), de la Société et d’histoire de Beauport (2009) et de la ville de Saguenay (2019).

Il ouvre en 2017 le K8, qui est un espace commun de travail et de recherche dans des champs d’expertises variées. L’endroit se base sur le principe de facteur infini de création, sans se restreindre à des critères précis. C’est pourquoi nous tenons au caractère multifonctionnel de l’espace. L’objectif de l’atelier K8 est donc d’utiliser la rencontre pour donner un élan aux idées et de permettre leurs réalisations dans un contexte d’échanges et de partages.

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DÉMARCHE 2011-22

Mes recherches consistent, par les arts numériques, le dessin, la sérigraphie et la peinture, à m’emparer de l’état actuel du concept de «portrait peint» pour le retourner en dynamique (et problématique) de création. Portraitiste, je réfléchis les notions de soustraction, de transition et de formes.

La soustraction est un concept abstrait qui attira mon attention en 2009. L’eau, translucide, me permet de nettoyer, de changer et de rompre la matière peinture. Elle casse et détruit les pigments qui se superposent dans des ordres définis. Je m’aperçus qu’enlever la matière dépasse la simple technique et prend tout son sens dans le processus de création. Ce concept consiste donc, en totalité ou en partie, à associer tout propos philosophique, méthodologique et technique à la perte, le manque, le -1, la différence. La sérigraphie, la gravure sur verre et l’imprimerie m’ont permis d’établir mes premiers barèmes de recherche pour encadrer de manière méthodique mes expérimentations visuelles en peinture et en dessin.

En 2013, j’ai réalisé l’exposition Transition. Dans ce corpus d’œuvres, j’ai représenté l’homme en le mettant face à certaines limites figuratives. Les forces du temps, du mouvement et de la matière sont différentes dynamiques qui m’aident à confronter la structure du portrait dans son environnement. Affaiblir ou accumuler la matière devient une ouverture dialectique en ce sens où, derrière le trait qui s’efface, qui s’épuise, apparaissent des énergies qui ne demandent qu’à réfléchir (voir annexe 1a et 1b).

C’est en 2016, au centre Bang de Chicoutimi, que je présentai Diagnostic. Cette exposition sur la synthèse soustractive permettait au public de comprendre le processus de transformation des pigments de peinture et ses différents comportements par la superposition et la soustraction (au pinceau) des filtres de couleurs synthétiques primaires C, M, Y et K (cyan, magenta, jaune et noir). Le but était d’imiter, en des temps beaucoup plus lents, des résultats probables d’après le processus mécanique de l’imprimerie quadrichromique traditionnelle.

Chaque toile possède également un code QR qui, une fois scanné avec un téléphone intelligent, permet de voir le procédé d’intervention dans le virtuel. Par ce code, je propose de réduire davantage l’identité du sujet cobaye, qui n’est déjà plus qu’une fade copie de son original, en un simple code bidimensionnel renvoyant sur une plate-forme virtuelle plus vivante (voir annexe 2a et 2b).

L’année suivante, en 2017, Langage Plus accueilli les œuvres Zone Grise Part 1 et 2, lors de l’exposition collective Espaces Pigmentés. Avec ce projet, j’ai voulu dépasser l’œuvre peinte en la soustrayant elle aussi à travers d’autres médiums. Par la peinture, la photo, la vidéo, la projection et le web, j’ai exploré les notions de disparition, d’altération et d’effacement dans le mouvement, le temps, l’espace et la forme. La projection vidéo permet de laisser le processus de déconstruction en vie, comme une Zone Grise, qui s’étend au-delà de la matière. Le virtuel devient ce prolongement, cette chute dans le vide numérique dans lequel l’image se poursuit (voie annexe 3a et 3b).

Dans la continuité de mes recherches sur la synthèse soustractive, j’introduis dans les corpus Écho et Équilibre, créés respectivement entre 2019 et 2021, la sérigraphie. Elle me permet de me distancer, de me soustraire, de devenir témoin, d’une certaine manière, du processus de création des territoires nouvellement mis en place dans mes recherches visuelles (voir annexe 4a, 4b, 5a et 5b).

 

Les hypothétiques cohésions possibles 2022-23

 

« L’incolore est un monde virtuel »

Kazimir Malevitch

 

Cette nouvelle proposition soustractive, plus philosophique et qui demeure en continuité avec mes recherches précédentes, questionne certains enjeux de la réalité virtuelle et augmentée au sein de notre société actuelle. Ce projet me permettra d’entamer de nouvelles réflexions avec le public au sujet de mon travail artistique et sur les futures utilisations sociales et environnementales de ces technologies et de leurs impacts dans le quotidien de chacun.

En utilisant le numérique, la programmation, la sérigraphie et ma technique soustractive en peinture, je souhaite explorer précisément, en un corpus de grand format de papier (22po X 30po), les hypothétiques cohésions possibles (et ses impacts) entre la réalité virtuelle, la réalité augmentée et la réalité simple. J’utiliserai les codes visuels respectifs de chacun afin d’explorer les résultats éventuels que vont proposer leur cohabitation.

D’Édouard Vuillard avec ses intérieurs domestiques à Mark Tansey avec ses mises en scènes postmodernistes, la question d’espace, de territoires occupés et de relations humaines restent d’actualité en peinture. Quelles seront les limites figuratives de ces nouvelles représentations visuelles sachant, d’une part, que la réalité augmentée ajoute des éléments virtuels dans un environnement réel et, d’autre part, que la réalité virtuelle crée virtuellement un environnement réel afin de faire vivre à une personne une expérience immersive ou pas? Quelles formes illusoires prendront-elles dans notre matérialité?

D’un point de vue philosophique, on parle du personnage virtuel « […] comme un nœud de potentialités qui s’exprime dans une puissance d’agir. D’un état de latence, il attend d’être incarné ».[1] Le virtuel ne s’oppose pas au réel, il en fait partie intégrante, mais de quelle manière picturale?

Depuis plus de dix ans, mes expérimentations sont centrées sur la soustraction comme ouverture dialectique. Elles m’ont amené à revoir mes médiums, mes techniques et à mieux cerner le concept de « portrait peint ». J’ai représenté l’homme en le confrontant aux forces du temps, du mouvement et de la matière. J’ai réduit l’identité du sujet cobaye en un simple code bidimensionnel. J’ai voulu dépasser l’œuvre peinte en la soustrayant à travers des médiums numériques pour finalement devenir témoin de mon processus de création grâce à la sérigraphie.

Maintenant, soustraire notre réalité à travers d’autres plus utopiques, mais déjà existantes, me permettra de découvrir de nouvelles limites figuratives, d’explorer « La Nature » de nouvelles perceptions subjectives et surtout, me permettra d’entamer des discussions très actuelles avec le public.

De ces réalités qui convergent et des techniques qui se mêlent, il y a tout dans ce projet pour faire avancer mes réflexions soustractives.

Pascal Picard

 

 

 

 

 

[1] René Bourassa et Louise Poissant, Personnage virtuel et corps performatif : Effets de présence, Presse de l’université du Québec, 2013, p.5.

 

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